(Danse pour dix danseurs)
A New Landscape
087/017
"Trente années de création, je me souviens et puis j’oublie par nécessité à être et devenir..."
Durée : 1h15
Conception et chorégraphie
Hervé Robbe
Interprètes
Alexia Bigot,
Yann Cardin,
Emilie Cornillot,
Vincent Dupuy,
Harris Gkekas,
Vera Gorbacheva,
Alexis Jestin,
Alice Lada,
Catherine Legrand,
José Meireles
Création lumière et régie générale
François Maillot
Image
Vincent Bosc
Son
Jean-François Domingues
Costumes
Catherine Garnier
Administration, production
Les Indépendances
Camille Barnaud / Clémence Huckel
Production Travelling&Co
Coproduction
Chaillot-Théâtre National de la Danse ;
Les Ballets de l’Opéra national du Rhin, CCN de Mulhouse ; CNDC d’Angers ;
Espaces Pluriels, Pau ; KLAP Maison pour la Danse à Marseille
Avec le soutien du Fonds de soutien à l’initiative et à la recherche (FSIR) ‐ ARCADI, de l’ADAMI, du CCN de Rillieux La Pape, et de Réservoir Danse – Le Garage – Rennes.
La Compagnie TRAVELLING & Co est subventionnée par le Ministère de la Culture.
Dans le cadre du travail portant sur les archives et la recherche, et de par l’essence même de ce projet qui porte sur la mémoire, nous sommes bien évidemment également en contact avec les départements dirigés respectivement par Laurent Barré et Laurent Sébillote, au Centre National de la Danse.
Dix danseurs de différentes générations et horizons, certains fidèles qui ont encore le désir de remettre leurs souvenirs à l’ouvrage, mais surtout de nouvelles rencontres d’interprètes et aussi de chorégraphes qui ont exprimé le souhait de découvrir et questionner cette matière gestuelle.
Cultiver l’ana-archive, l’ana-chronologie, voire l’anachronisme pour imaginer une fiction de l’archive originale.
Ne pas perdre la mémoire mais accepter l’oubli.
Le tissage complexe de nos héritages et propres souvenirs déploie une longue chaine de transmission qui, par cycles répétés, nous interpelle et conditionne nos actes. Nous utilisons de façon inexorable et constante l’imprécision du souvenir, sa subjectivité pour nous réinventer au présent et imaginer de multiples fictions possibles de notre existence. Il n’y aurait donc pas de génération d’actes et de constructions spontanées, juste une mystification et l’illusion d’un détachement à notre passé. Des sortes de mensonges, de pertes de mémoire partielles nécessaires pour ne pas être dans la reproduction intangible des choses.
Des oublis innocents très utiles pour imaginer de nouveaux agencements, un autre objet, une nouvelle histoire.
Ici, ni mélancolie, ni nostalgie, peut être un zeste de recyclage d’archives, une sorte de développement durable de gestes encore mis en partage.
Hervé Robbe
Crédit photos (c) Vincent Bosc
On interpelle souvent le danseur sur sa capacité mystérieuse (son audace) à faire resurgir un geste, une suite de déplacements, un état émotionnel enfoui dans les plis et les méandres de ses expériences motrices. Partir essentiellement du souvenir des gestes accumulés, des sensations et matières corporelles ou des traces graphiques sédimentées. Ne pas hésiter à sortir certaines danses, qui se conjuguent au passé, de leur contexte chorégraphique d’origine. Inventer des processus et mises en jeux de transmission, tel un grand remix. Laisser libre court à une interprétation subjective des sources pour susciter de nouveaux déploiements (développements) durables de gestes réincarnés, de nouvelle adresse. Se jouer de la distorsion du temps, flash back, rembobinage et rémanence. Imaginer une structure dramaturgique en arborescence qui fait coexister les incursions d’une mémoire floutée et une mise en actes au présent.
Une nouvelle danse qui se déploie, là, sur le plateau et dessine un nouveau paysage des corps dans une friction au réel, comme une offrande au public qui embrasse son futur. Une danse qui ne tourne pas le dos à son passé, qui émane telle une anamorphose d’une chambre d’échos et de réminiscences et laisse surgir un autre rituel collectif, qui écrit un nouveau récit des corps, dans l’élan et la générosité, avec une nouvelle génération de dix artistes.